Aubagne : la Casamance souhaite un partenariat avec l'hôpital public
Publié le 14/10/2017Article paru dans La Provence du 14/10/2017
L'ARS a précisé des orientations pour la clinique privée, dont la délocalisation de sa maternité
Après les annonces faites en début de semaine par la direction de l'hôpital public et les représentants de l'Agence régionale de santé, c'était hier au tour de la clinique privée La Casamance de recevoir l'ARS dans ses murs. L'occasion de faire quelques mises au point, et de préciser son positionnement concernant l'offre de soins sur le territoire aubagnais.
"Je dois d'abord rappeler que depuis plus de 15 ans, les relations de travail existent entre l'hôpital Edmond-Garcin et la Casamance, explique Jean-Henri Gautier, directeur général : nous partageons l'activité d'hospitalisation à domicile, nous préparons leurs chimiothérapies, et de nombreux médecins se partagent sur l'un ou l'autre des établissements pour leurs consultations et leurs interventions. Par ailleurs, depuis deux ans et demi, nous avons engagé un gros travail avec l'hôpital pour coordonner au mieux l'offre de soins et répondre aux besoins de santé du territoire."
"Le savoir-faire de la Casamance sera transféré à l'hôpital public"
Un travail qui avait notamment abouti au projet de "délocaliser" la maternité de la Casamance sur l'hôpital dans les prochains mois, avec l'objectif d'obtenir de l'ARS une autorisation pour un Niveau 2 avec une réanimation néonatale. D'où l'étonnement de tous de découvrir que l'ARS, dans sa feuille de route pour l'hôpital, parle de "fermeture" de ladite maternité. Une "maladresse" a répondu hier Ahmed El Bahri, directeur de l'offre de soins à l'ARS, qui s'est voulu rassurant.
"Les futures mamans pourront continuer de choisir leur mode d'accouchement, puisque le savoir-faire de la Casamance sera transféré à l'hôpital public, affirme Jean-Henri Gautier. Il y a deux ans, la Casa de naissance a ouvert ses portes et permet d'accoucher de manière physiologique, méthode retenue par une centaine de femmes sur les 500 accouchements que pratique la Casamance chaque année." Quant à la reprise du personnel de sa maternité, la direction de la clinique sera très "vigilante". Une réunion est d'ailleurs prévue dès la semaine prochaine avec l'ARS à ce sujet.
Concernant les soins critiques, si la Casamance n'a pas à proprement parler de feuille de route pour l'avenir, l'ARS lui a confirmé hier "le maintien de son activité de réanimation, jugée indispensable compte tenu des actes réalisés, en particulier de chirurgie lourde et de cancérologie" - elle dispose également d'une Unité de soins continus et d'une USC spécialisée.
La Casamance est indépendante financièrement
Pour autant, Jean-Henri Gautier refuse le débat qui vise à opposer systématiquement public et privé : "Il n'est pas question de brimer l'hôpital public, mais la vraie question est : qu'est-ce qu'on veut pour les patients ? Nous devons nous mettre autour de la table pour accompagner, et non subir, l'évolution majeure de la prise en charge des patients : innovations, amélioration des techniques, demande des patients de réduire la durée des séjours... Cela implique bien sûr une restructuration de nos établissements de soins, mais ne pas accompagner cette logique, c'est la mort à court terme..."
Pour tordre le cou à une certaine idée du privé, Caroline Berthet, directrice générale déléguée, évoque les derniers chiffres de l'établissement, qui, s'il a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 40 M€, n'affiche un résultat que de 380 000 €, "et sans subvention de l'ARS" : "L'établissement, qui est indépendant financièrement et n'appartient pas à un groupe, n'a pas pour objectif de s'en mettre plein les poches, et le résultat est d'ailleurs réinvesti en permanence, commente-t-elle, les prises en charge sont les mêmes que dans le public, le cahier des charges aussi, les dépassements d'honoraire se font avec tact et mesure, et avec le consentement des patients."
À ce jour, la Casamance ne sait pas si son service de réanimation est voué à grossir, "mais notre intérêt et celui de l'hôpital public, c'est d'arriver à travailler ensemble pour ne pas subir mais accompagner la recomposition hospitalière inévitable qui se joue sur le territoire d'Aubagne, et construire une offre de soins globale, cohérente et de qualité", conclut Jean-Henri Gautier.
Les salariés de la maternité de la Casamance inquiets
L'Intersyndicale CGT-Unsa de l'hôpital privé a vivement réagi au terme de "fermeture" concernant la maternité de leur établissement choisi par l'ARS et la direction de l'hôpital, alors que "jusque-là c'est un transfert qui était envisagé", souligne-t-elle dans un communiqué, rappelant que ce service, ce sont "19 salariés compétents, dévoués, impliqués qui apprennent de la façon la plus brutale que leur avenir professionnel est fortement compromis". "Seront-ils repris ? Personne n'en parle. Un emploi dans le privé vaut-il moins qu'un emploi dans le public ?" questionnent les syndicats, qui évoquent un "partenariat" permettant de "maintenir une activité pérenne qui garantisse la sauvegarde de l'emploi des deux hôpitaux". (...) "En tant que salariés du secteur privé, ajoutent-ils, il y a longtemps que nous sommes sortis dans notre réflexion, des oppositions dogmatiques et obsolètes qui mettent face à face le privé et le public et nous en appelons aussi à nos collègues de l'hôpital d'Aubagne pour que l'empathie soit réciproque et que le projet de restructuration de l'offre de soins du Pays aubagnais ne se fasse pas au détriment des uns ou des autres ! Nous tenons au service public et nous en profitons pour rappeler que nous aussi nous sommes détenteurs d'une Délégation de Service Public et que nous espérons qu'ils tiennent autant à nos emplois que nous tenons au maintien des leurs !"
Frédérique Gros